Maroc: les corps de 12 Subsahariens retrouvés près de la frontière algérienne

Selon des responsables hospitaliers, les victimes seraient mortes principalement "de froid, mais aussi de faim".

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Des migrants africains en situation irrégulière à Sfax, dans l'espoir d'atteindre l'Europe par la mer Méditerranée/Illustration / AA

Les corps de 12 migrants originaires d'Afrique subsaharienne ont été découverts entre les 6 et 12 décembre dans le nord du Maroc, à proximité de la frontière avec l'Algérie, plusieurs étant morts "de froid et de faim", a indiqué lundi une association locale à l'AFP.

Le 6 décembre, l'Association d'aide aux migrants en situation vulnérable (AMSV), basée à Oujda, ville proche de la frontière algérienne, s'est rendue dans la province de Jerada après avoir reçu des informations faisant état de victimes, a expliqué à l'AFP son président, Hassan Ammari.

"Le délégué provincial du ministère de la Santé à Jerada nous a confirmé la présence de six corps", a-t-il dit. Le 12 décembre, lors d'une nouvelle visite de l'association dans la région, "six autres corps ont été découverts", a-t-il indiqué.

Selon des responsables hospitaliers, les victimes seraient mortes principalement "de froid, mais aussi de faim".

"C'est un fossé de la mort"

D'après l'AMSV, il pourrait s'agir de personnes qui cherchaient à rejoindre d'autres pays d'Afrique du Nord à partir du Maroc ou de migrants ayant récemment franchi la frontière algérienne pour entrer sur le sol marocain.

"D'année en année, nous constatons l'augmentation des décès dans cette région", a déploré M. Ammari, soulignant que les températures peuvent descendre jusqu'à -5°C entre la mi-novembre et la fin janvier et que de nombreux migrants ne disposent que de vêtements légers.

Parmi les personnes décédées figurent notamment une femme et un jeune homme de 20 ans originaires de Guinée-Conakry, ainsi qu'une Nigériane née en 1996 et un Camerounais né en 1999. Pour les causes des décès, M. Ammari a mentionné aussi la dangerosité d'un fossé situé côté algérien (de 4,5 mètres de large sur 4 mètres de profondeur), jouxtant un haut grillage côté marocain. Le fossé se remplit d'eau quand les rivières proches débordent par temps de pluie.

"C'est un fossé de la mort", destiné notamment à "empêcher tout passage", explique-t-il, affirmant que des personnes y tombent souvent de nuit ou à l'aube et se noient en raison de la boue qui empêche toute remontée.

Depuis 2017, plus de 76 décès ont été recensés dans cette zone, selon l'AMSV, parmi lesquels des migrants aussi originaires du Tchad et du Soudan.

M. Ammari a alerté "les autorités marocaines et algériennes sur la dangerosité de ce fossé" depuis 2018, appelant au respect du "droit à la vie".