Par Kudra Maliro
Du Maroc en Afrique du Sud, en passant par la République démocratique du Congo, des jeunes de 20 à 26 ans abattent un travail remarquable pour sauver leurs communautés de cette menace existentielle.
Organisés en groupes, le leitmotiv reste le même : "Guérir la planète". TRT Afrika vous présente "les soldats africains de la nature"
Guillaume Kalonji de la RDC
Ce jeune congolais de 25 ans, originaire de la ville de Bukavu dans le Sud-Est du pays, a fondé son mouvement « Rise up Congo » en février 2022 après avoir été inspire par de célèbres activistes tels que l’Ougandaise Vanessa Nakate.
"Nous avons réussi à sensibiliser plus des 1 500 jeunes étudiants et élèves à Kinshasa et à Bukavu. Nous avons contribué à la lutte contre la déforestation dans le Bassin du Congo en menant des campagnes en ligne avec l’appui d’internationaux et Greenpeace", déclare Kalonji à TRT Afrika.
Kalonji et son groupe luttent pour réduire la pression que les humains exercent sur les forêts (la coupe abusive de bois destinés à la production de charbon). Pour minimiser ce phénomène, ils ont créé des foyers écologiques, des braseros en céramique qui requiert peu de bois. Ils ont, en outre, planté des centaines d'arbres dans les écoles de la ville de Bukavu, lors de la Grève mondiale pour le climat en 2022.
Aujourd’hui, ils mènent campagne pour faire barrage au "projet 27BP3BG », un projet d’exploitations de pétrole qui, selon, constitue une menace réelle pour le Bassin du Congo, deuxième poumon vert de la planète.
Aqlila Alwy du Kenya
Elle est devenu une icône de la lutte pour le climat dans sa région natale de Malindi, dans le Sud-Est du Kenya. A Seulement 21 ans, elle a la tête de l'organisation Blue Earth qui travaille à la restauration des mangroves dans la zone de conservation de Makupe.
Elle a commencé à militer en juillet 2021, après avoir été victime des inondations de 2015 dans sa ville de Malindi. Cette catastrophe est due, selon les experts, à la déforestation ayant entrainé des dérèglements climatiques.
"Les plants sont fournis par les habitants, leur permettant d'avoir une source de revenus, de payer la scolarité de leurs enfants et de nourrir leurs familles. Cela a poussé des centaines de jeunes à agir et à sensibiliser sur l'importance des mangroves dans la lutte contre le changement climatique" dit Aqlila Alwy à TRT Afrika.
Aqlila se rend régulièrement dans son ancien lycée pour sensibiliser les jeunes filles notamment sur les enjeux du changement climatique et de l'égalité des sexes, de la manière dont ils affectent leur éducation et la communauté, mais aussi le pouvoir qu’elles ont pour changer la donne.
"Je suis très satisfaite des progrès que j’ai réalisés à Malindi. J’ai noté que les filles sont plus qu'intéressées par les questions liées au changement climatique et nous normalisons peu à peu un sujet qui était considéré comme une punition de Dieu" se réjouit M. Aqlila.
Aqlila craint que les habitants de Malindi subissent une autre vague sécheresse, ce qui causerait une crise alimentaire et décimerait leur bétail. "C'est pour ces raisons que je continue à faire ce que je fais".
Regina Magoke de la Tanzanie
A 21 ans, cette jeune activiste tanzanienne s’est illustrée dans la lutte contre le réchauffement climatique. Son organisation à but non lucratif "Green Sphere" œuvre pour préserver l'environnement, en nettoyant les plages de Mwanza, ville située au bord du Lac Victoria.
"Je travaille avec une équipe de plus de 15 personnes âgées de 14 à 35 ans, hommes et femmes confondus dans notre ville de Mwanza à Tanzanie", dit Regina Magoke à TRT Afrika.
Son organisation plante des arbres et elle dispense des modules sur l’environnement dans différentes écoles de sa ville natale. "Green Sphere" a lancé des plans d'action climatiques visant à préserver l’écosystème pour les générations futures.
"Notre équipe est en train de mener des projets environnementaux tels que nettoyage des plages, la plantation d'arbres, et l'éducation à la protection et à la conservation de l'environnement par le biais de sa plateforme de médias sociaux et d'autres plateformes audiovisuelles telles que la télévision, la radio et les journaux", renseigne Regina.
Malgré les réalisations Green Sphere, les défis restent nombreux. Elle et ses compagnons font souvent face à difficultés financières notamment, ce qui les contraint à revoir leurs ambitions à la baisse.
Mohamed El-hajj du Maroc
Chercheur à l'Université Sidi Mohamed Ben Abd Allah de Fès, Mohamed El-hajj est un farouche défenseur de la justice climatique.
En plus des cours qu’il dispense dans les amphithéâtres, ce jeune de 21 ans est aussi un militant engagé en faveur du climat. Il a fondé la branche FridaysForFuture au Maroc en 2020.
Il fait partie des jeunes leaders marocains et nord-africains les plus en vue et est un pionnier dans la lutte pour la justice climatique. El-hajj a réussi a mobilisé de nombreux jeunes de sa région autour de la cause climatique.
"J'ai créé un éco-club, une communauté dynamique d'individus passionnés qui se consacrent à la sensibilisation au climat et à la promotion des activités de developpement durables" déclaré Mohamed El-hajj à TRT Afrika.
M. El-hajj a passé toute son enfance dans une zone rurale dans le nord du Maroc où il a été témoin du phénomène du changement climatique entraînant une forte baisse des rendements de l’agriculture locale au fil des ans, en raison de la sécheresse qui sévit dans sa région.
A noter que les habitants de son village dépendent de l'agriculture, notamment des olives et du blé. « Avec la baisse de la pluviométrie, les champs ne quasiment plus rien et les populations en souffrent ».
"J’ai découvert que de nombreux étudiants ont quitté le campus, en raison de la pollution de l'air et des odeurs désagréables qui se dégagent de la zone industrielle pendant la nuit. C'est ce qui m’a poussé à engager la lutte pour la justice climatique" ajoute M. El-hajj.
Tafadzwa Kurotwi du Zimbabwe
Elle est la cofondatrice d’Emerald Climate Hub, une organisation de volontaire qui lutte contre le réchauffement climatique mais elle intervient dans l’humanitaire.
La jeune femme de 23 ans et ses collègues cherchent à trouver des solutions durables au changement climatique grâce à l'innovation et à la technologie. L'organisation promeut des opportunités égales pour les jeunes et les femmes.
Tafadzwa est connue du milieu de l’activisme climatique. Elle a été déléguée jeunesse de la CCNUCC (la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques) à la COP27 en Égypte.
" J’ai incité quelques 600 étudiants du Zimbabwe à élaborer en permanence des solutions visant à résoudre les problèmes environnementaux, à plaider en faveur de l'action et de la justice climatiques" dit Tafadzwa Kurotwi à TRT Afrika.
"Nous avons également réussi à planter plus de 300 arbres au sein de notre communauté. Notre groupe a réussi à mobiliser 10 clubs environnementaux de différentes écoles pour qu'ils deviennent des gardiens de l'environnement en promouvant l'éducation climatique et l'inclusion des jeunes et des femmes" ajoute M. Tafadzwa.
Son combat pour la promotion de bien-être, de l'environnement et du développement durable lui a permis de remporter The African Mirror Awards, un prix de reconnaissance pour services humanitaires.
Tafadzwa a constamment utilisé les médias locaux et internationaux pour défendre et prêter sa voix aux communautés les plus touchées par la crise climatique afin de susciter une prise conscience collective et l’adoption de mesures fortes et adéquates en Afrique.
Yosimbom Yania, 18 ans, Cameroun
Elle est la tête de Youth Empowerment Cameroon, une organisation qui regroupe plus de 80 activistes qui luttent contre le réchauffement climatique dans cinq régions du Cameroun.
"L'impact positif que j'ai créé au niveau de l'état d'esprit des jeunes de ma communauté en ce qui concerne la lutte contre le changement climatique est l'une des choses dont je suis le plus fière. Je n'engage pas seulement ces jeunes sur le plan physique, mais aussi sur le plan moral en ce qui concerne le changement climatique et le développement personnel" dit Yosimbom Jania lors à TRT Afrika.
Youth Empowerment Cameroon est une jeune organisation fondée en mai 2023. Son but est de "contribuer à la guérison de notre planète et en faire un meilleur foyer pour les générations futures".
"Nous avons planté des arbres fruitiers et écologiques dans les écoles. C’est jusqu’ici un de nos plus grands projets ayant suscité de nombreuses réactions positives de la part des enseignants et des élèves eux-mêmes" ajoute Yania.
Mariem Jradi de la Tunisie
Activiste climatique de 24 ans, elle a commencé son parcours dans l'action environnementale en 2016 avec le mouvement Stop Pollution à Gabès qui lutte contre la pollution causée par l'industrie chimique dans cette région.
Mariem a eu l’idée de créer cette organisation qui compte pour le moment plus de 57 membres après avoir découvert, avec ces cinq de ses copines, ce qu'est le phénomène du changement climatique dans la région de Gabes en Tunisie suite à l’industrialisation chimique.
"Les actions que nous menons visent principalement à sensibiliser le plus grand nombre de personnes possibles sur le changement climatique et la pénurie d'eau en Tunisie. Nous avons également lancé des campagnes en ligne pour encourager les gens à ne plus utiliser de plastiques", déclaré Mariem Jradi à TRT Afrika.
Le mouvement Stop Pollution a déjà participé à un projet (recherche participative) avec l'Unicef et l'association RET intitulé "changement climatique et pénurie d'eau". Ce mouvement lance des campagnes de lutte contre les réchauffements climatiques dans différentes régions tunisiennes.