L'action intentée par 183 modérateurs de contenu employés à Nairobi par Sama, un sous-traitant de Meta, a été déposée le 17 mars devant un tribunal local, les travailleurs affirmant avoir été licenciés "illégalement" par le géant des médias sociaux.
Les avocats de Meta affirment que la société - qui possède également Instagram et WhatsApp - ne peut pas être poursuivie, car le tribunal de l'emploi et des relations de travail n'est pas compétent pour statuer sur une entité qui n'est pas basée au Kenya.
Ils soutiennent que les plaignants ne sont pas employés par Meta elle-même.
"La Cour estime qu'elle est compétente pour statuer sur l'allégation de licenciement illégal et injuste", a déclaré le juge dans une décision consultée par l'AFP.
Il a également confirmé une ordonnance provisoire rendue le 21 mars suspendant la décision de licencier les sous-traitants.
Meta n'a pas répondu aux demandes de commentaires de l'AFP.
Les licenciements, annoncés en janvier pour prendre effet fin mars, interviennent après la fin d'un contrat entre Meta et Sama, une société engagée pour modérer les contenus de Facebook en Afrique de l'Est et australe depuis 2019.
Une autre société, Majorel, s'est vu confier le contrat et a également été accusée de préjudice dans cette affaire.
Dans leur plainte, les salariés estiment que leur licenciement est "illégal car sans justification et injuste sur le plan procédural".
Ils dénoncent également une discrimination de la part de Meta et Majorel, affirmant que les employés de Sama qui ont tenté d'être réembauchés par le nouveau sous-traitant ont vu leur candidature bloquée.
Meta doit faire face à deux autres procédures judiciaires au Kenya.
En 2022, un ancien employé sud-africain de Sama, Daniel Motaung, a déposé une plainte au Kenya contre Sama et Facebook en invoquant, entre autres, de mauvaises conditions de travail et l'absence de soutien en matière de santé mentale.
Le tribunal des relations du travail de Nairobi s'est déclaré compétent pour juger l'affaire Motaung en février. Meta a fait appel de cette décision.
Le géant des médias sociaux fait également l'objet d'une autre plainte au Kenya, dans laquelle une ONG locale et deux citoyens éthiopiens accusent Meta de ne pas avoir agi contre les discours de haine en ligne en Afrique.
Les plaignants affirment que cette inaction a entraîné le meurtre d'un professeur d'université en Éthiopie et demandent la création d'un fonds de 1,6 milliard de dollars pour indemniser les victimes.
L'AFP est engagée dans un partenariat avec Meta qui fournit des services de vérification des faits en Asie-Pacifique, en Europe, au Moyen-Orient, en Amérique latine et en Afrique.