La junte au Burkina Faso a annoncé lundi la suspension de toutes les émissions de la chaîne d'information France 24 dans le pays, après la diffusion d'une interview du chef d'Al-Qaïda en Afrique du Nord.
Le gouvernement militaire burkinabè, dirigé par la capitaine Ibrahim Traoré, accuse la chaîne française d’information en continu d’offrir une tribune aux djihadistes.
"En ouvrant ses antennes au chef d'AQMI (Al-Qaïda au Maghreb islamique), France 24 agit non seulement comme une agence de communication pour ces terroristes, mais offre également (...) une légitimité aux actions terroristes et aux discours de haine", a déclaré le porte-parole de la junte, faisant référence à une interview du 6 mars avec le chef d'AQMI, Abu Ubaydah Yusuf al-Annabi.
"En conséquence, le gouvernement a décidé de suspendre sine die la diffusion des programmes de France 24 sur l'ensemble du territoire national", a déclaré le porte-parole Jean-Emmanuel Ouedraogo.
L'émission de France 24 a été coupée vers 09h00 GMT lundi, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Le 6 mars, France 24 avait diffusé les réponses écrites de M. al-Annabi à 17 questions posées par le spécialiste des questions djihadistes de la chaîne, Wassim Nasr.
Le gouvernement du Burkina Faso s’est dit "découragé de voir que le chef d'une organisation terroriste comme AQMI et reconnue comme telle par l'ensemble de la communauté internationale puisse profiter de la générosité éditoriale de France 24 pour s'exprimer longuement sur les ondes de la chaîne", indique le communiqué de la junte.
En décembre, la junte burkinabé a suspendu Radio France Internationale (RFI), qui appartient au même groupe France Médias Monde que France 24, accusant la radio d'émettre un "message d'intimidation" attribué à un "chef terroriste".
RFI et France 24 ont toutes deux été suspendues au Mali voisin, qui est également dirigé par une junte militaire.