Pascaline Bongo (à l'extrême droite) fait face à la justice française pour des soupçons de corruption au Gabon. Photo : Others

Pascaline Bongo est jugée pour corruption passive d'agent public étranger au début des années 2010 au Gabon.

À l'issue de son procès, en janvier et février, le parquet a réclamé une peine de trois ans d'emprisonnement, dont un an ferme, et une amende de 150.000 euros.

Pascaline Bongo, 67 ans, est soupçonnée par le Parquet national financier (PNF) d'avoir accepté d'intervenir en faveur de la société d'ingénierie française Egis Route dans l'attribution de marchés publics, contre la promesse de huit millions d'euros de rétrocommissions.

Mme Bongo récuse cette accusation. "C'était impossible, avec ou sans mon nom. C'était l'affaire personnelle du président (son frère Ali Bongo, ndlr), qui n'allait jamais prendre une entreprise française", a-t-elle martelé au tribunal.

"L'absence de perception effective" de ces huit millions "n'ôte rien au caractère initial de corruption", a cependant estimé le parquet.

Contre les autres prévenus - Egis Route, trois de ses anciens cadres supérieurs, l'homme d'affaires gabonais Franck Ping (dont le père, Jean Ping, a été longtemps le compagnon de Pascaline Bongo) et l'avocate Danyèle Palazo-Gauthier, amie et ex-conseil de Mme Bongo -, le parquet a requis des peines de deux à trois ans d'emprisonnement, entièrement assorties du sursis.

S'y ajoutent des amendes de 50.000 à 150.000 euros pour les personnes physiques et 750.000 euros d'amende pour l'entreprise.

Les avocats des différents prévenus ont tous plaidé la relaxe de leurs clients.

Lors de son audition, Mme Bongo, présente à toutes les audiences de son procès, avait assuré que sa fonction de "Haute représentante personnelle du président de la République", auprès de son frère Ali - renversé par un coup d'État en août dernier, était "honorifique".

"Ce titre n'avait aucune substance. C'est une fonction protocolaire, pas une profession", a-t-elle expliqué. Bref, a-t-elle affirmé, elle n'était pas "un agent public étranger" à l'époque des faits.

Elle a cependant reconnu qu'elle touchait une rémunération pour cette fonction et avait reçu un représentant d'Egis Route dans son bure au, au Palais présidentiel de Libreville, fin novembre 2009.

Mme Bongo a aussi admis avoir créé à cette époque la société Sift (Société d'ingénierie financière et technique), une "coquille vide" selon ses propres mots. Sift n'avait aucune activité, ni même d'employé, hormis son administratrice Pascaline Bongo.

Sift a néanmoins conclu avec Egis un "partenariat" aux termes duquel la société de Mme Bongo pouvait prétendre à plus de cinq milliards de francs CFA (environ huit millions d'euros) si elle leur faisait attribuer le marché de consultant associé à la création de l'Agence nationale des grands travaux (ANGT) du Gabon.

Au final, aucune somme n'a été versée à la société de Pascaline Bongo, ont rappelé les avocats des prévenus. Et Egis n'a finalement obtenu aucun marché routier au Gabon.

"Egis n'a pas contracté avec Sift mais avec Mme Bongo (...) Sift n'avait aucune logique économique sinon de dissimuler un pacte de corruption", ont fait valoir les procureurs.

AFP