Farid Alilat, journaliste au magazine francophone Jeune Afrique. Photo : Others

Un journaliste algérien a été expulsé du pays après avoir pris un vol en provenance de France et n'a pas été autorisé à quitter l'aéroport, alors que les journalistes continuent d'être confrontés à des situations difficiles en Algérie.

Farid Alilat, journaliste au magazine francophone Jeune Afrique, a écrit sur Facebook qu'il avait passé 11 heures en garde à vue samedi à l'aéroport avant d'être embarqué dans un avion et envoyé en France, où il possède un permis de séjour.

M. Alilat a déclaré qu'il prenait régulièrement des vols de Paris à Alger pour faire des reportages sur l'Algérie, où il est depuis des années un journaliste bien connu en raison de son travail pour des quotidiens francophones, notamment Liberté, qui a été fermé en 2022 en raison de problèmes financiers et de querelles avec le gouvernement et la compagnie pétrolière publique algérienne, qui sont tous deux d'importants annonceurs pour les journaux du pays.

Dans un long message dans lequel il décrit son expulsion comme s'il en était l'auteur, Alilat affirme que les policiers du tarmac à Alger lui ont dit qu'ils agissaient sur ordre "d'en haut".

Il a déclaré avoir été interrogé sur ses voyages, sur les personnes qu'il a rencontrées et sur Jeune Afrique, qui, selon les autorités algériennes, favorise leur voisin et rival régional, le Maroc.

"Je comprends parfaitement que mes articles soient une source d'irritation. Je suis un journaliste libre. Je couvre l'actualité de mon pays en tant que journaliste libre et indépendant", a écrit M. Alilat, notant qu'il n'avait reçu aucune explication verbale ou écrite pour son expulsion.

Il a ajouté qu'il n'avait jamais entendu parler de problèmes de la part des forces de l'ordre ou des tribunaux algériens concernant ses articles, y compris lors d'un voyage de reportage en décembre 2023.

Peu de médias algériens ont rapporté l'expulsion d'Alilat et peu de politiciens l'ont commentée.

L'ancien ministre de la communication, Abdelaziz Rahabi, l'a qualifiée de "mesure d'un autre temps qui ne sert ni le peuple ni le gouvernement".

"Personne ne peut être arbitrairement privé du droit d'entrer dans son propre pays", a-t-il écrit sur Facebook.

AP