Des archéologues travaillant dans l'ancienne ville de Colosses, située dans la région égéenne de la Turquie, ont mis au jour 60 tombes datant d'environ 2 200 ans.
Bien que des tombes similaires aient été découvertes ailleurs en Anatolie, les experts soulignent qu'il est rare de trouver un si grand nombre de sépultures construites côte à côte dans une zone aussi restreinte.
« À Colosses, nous avons découvert ce qui semble être la plus grande nécropole d'Anatolie, composée de tombes taillées dans la roche en forme de cuve. Après avoir retiré la couche de sol en surface, nous avons identifié environ 65 tombes, dont 60 ont été fouillées. En plus des fragments de squelettes, nous avons trouvé des données archéologiques significatives », a déclaré l'archéologue Baris Yener à l'agence Anadolu.
Il a souligné que les habitants de l'Antiquité choisissaient les formations de travertin comme lieux de sépulture pour optimiser l'utilisation des terres.
« Les habitants de l'époque ancienne ont su tirer parti des caractéristiques géologiques et topographiques du site. Ils ont cherché à utiliser efficacement les formations rocheuses en travertin, car l'agriculture en particulier la production de céréales était pratiquée à cette époque. Pour préserver les terres arables, ils ont désigné les zones rocheuses de travertin comme lieux de sépulture. »
Potentiel pour le tourisme religieux
La ville antique présente également un potentiel significatif pour le tourisme religieux. Selon Yener, les découvertes indiquent que les anciens habitants de cette région accordaient une grande importance aux systèmes de croyances protectrices.
« Les découvertes révèlent à quel point les habitants de Colosses valorisaient la magie, les talismans et les objets censés avoir des pouvoirs protecteurs. Dans les tombes, nous avons trouvé de nombreux amulettes, charmes et pierres considérées comme ayant des propriétés curatives », a-t-il expliqué.
Les artefacts offrent un aperçu du désir spirituel de protection de la communauté et montrent comment les rituels funéraires étaient profondément liés aux pratiques religieuses quotidiennes.
Parmi les objets identifiés comme offrandes funéraires figurent des bouteilles en terre cuite et en verre, des lampes à huile censées éclairer l'obscurité tant dans la vie quotidienne que dans le voyage après la mort, ainsi que des pièces de monnaie et des effets personnels tels que des sandales.
Combler un vide historique
Yener a noté que les découvertes issues des fouilles à Colosses sont suffisamment significatives pour combler un vide chronologique dans l'histoire de la région, expliquant qu'elles permettent désormais de disposer d'un flux continu d'informations couvrant la période allant de l'Âge du Chalcolithique tardif jusqu'à la turquification de Honaz en 1206.
Autrefois l'une des villes les plus importantes de la période perse, Colosses occupait également une place significative dans l'histoire du christianisme durant les époques romaine et byzantine.
Cependant, à mesure que des villes antiques voisines comme Hiérapolis et Laodicée furent fondées à proximité, Colosses perdit progressivement de son importance et subit de graves dommages lors d'un tremblement de terre au 1er siècle de notre ère.
Reconstruite sous le nom de Chonae vers 692 de notre ère, la ville fut finalement abandonnée après un autre tremblement de terre dévastateur en 787 de notre ère.
Après trois années de relevés de surface, les fouilles ont commencé sous la direction de l'archéologue Baris Yener de l'Université de Pamukkale, dans le cadre du projet « Héritage pour l'avenir » du ministère de la Culture et du Tourisme.
Le site se trouve dans les frontières actuelles de la province de Denizli, au pied du mont Honaz.
Réputée comme un centre commercial clé dès le VIe siècle avant notre ère, Colosses, particulièrement connue pour sa production de laine et de textiles, continue de révéler de nouveaux aspects de son passé grâce aux travaux archéologiques en cours.
