Par Kennedy Chileshe
Lors du sommet inaugural Zambia 1000, organisé par le Dr Dora Siliya, une phrase forte a résonné dans la salle : « Nous, les jeunes, sommes prêts. Nous ne voulons pas être ceux dont on parle ; nous voulons être ceux à qui l'on parle. »
Il ne s'agit pas d'une plainte, mais d'une déclaration. C'est la voix d'une génération, ma génération, qui s'avance non pas comme un problème à résoudre, mais comme partenaire dans l'urgence de la construction nationale.
Être jeune en Zambie aujourd'hui, c'est se tenir à un carrefour unique, portant le poids de l'héritage tout en regardant un horizon d'une possibilité vertigineuse. Notre prochaine frontière n'est pas une terre lointaine ; c'est la Zambie que nous sommes en train de concevoir, brique par brique.
Être un Zambien de la génération Z, c'est être à la fois natif du numérique et ancré dans sa culture. Nous sommes la génération la plus connectée de l'histoire de notre pays, avec toutes les connaissances et les conversations du monde à portée de main.
Cette conscience globale engendre une ambition critique, innovante et impatiente. Nous observons les standards fixés par nos pairs à Nairobi, Accra et Kigali et nous demandons : « Pourquoi pas ici ? » Pourtant, cet élan s'accompagne d'un profond attachement à nos communautés, à nos langues et à notre esprit résilient. Notre défi est un « décalage de scénario ».
Nous avons hérité d'une feuille de route — éducation, emploi stable, accès à la propriété — qui apparaît de plus en plus décalée par rapport aux réalités d'une économie mondialisée, fondée sur le travail à la tâche, et face à l'urgence du changement climatique. L'anxiété est réelle, mais l'engagement à réécrire le scénario l'est tout autant.
Souveraineté numérique
Cela nous conduit à notre première et plus cruciale frontière : la souveraineté numérique. Nous ne sommes pas de simples consommateurs de technologie ; nous en sommes les créateurs potentiels. Notre rôle est de faire passer la Zambie d'une colonie numérique à un architecte numérique.
La prochaine frontière est peuplée de solutions technologiques locales : des plateformes AgriTech qui donnent à nos agriculteurs des données en temps réel, des FinTech qui libèrent des capitaux pour l'entrepreneur informel, des EdTech qui démocratisent l'accès à un enseignement de qualité.
Notre maîtrise innée de la technologie est un atout national. La tâche consiste à canaliser cette maîtrise pour construire des plateformes qui résolvent des problèmes spécifiquement zambiens, créant non seulement des applications, mais de nouvelles filières et une propriété intellectuelle exportable.
Parallèlement, nous ouvrons la frontière économique verte.
Nous sommes la génération qui vivra le plus longtemps avec les conséquences des décisions environnementales prises aujourd'hui. À ce titre, nous sommes naturellement les gardiens des richesses naturelles de la Zambie.
Notre vision est de transformer le récit, passant d'une logique d'extraction des ressources à celle d'innovation durable. La prochaine frontière se situe dans les énergies renouvelables, les technologies minières durables, l'agriculture intelligente face au climat et la construction d'une économie circulaire.
Nous appelons à des investissements dans les compétences et les infrastructures qui positionnent la Zambie non seulement comme une source de matières premières, mais comme un leader de la révolution industrielle verte. Protéger notre environnement, c'est assurer notre avenir économique.
Cependant, la technologie et l'écologie reposent sur une frontière plus profonde : l'architecture sociale. Nous sommes une génération-pont. Tout en honorant la sagesse et l'expérience de nos aînés, nous construisons activement une identité nationale plus cohésive.
Nos réseaux se forment de plus en plus autour d'objectifs et de passions partagés, des pôles technologiques à l'activisme climatique, transcendant les divisions traditionnelles.
« Génération de la responsabilité »
Nous sommes la « Génération de la responsabilité », utilisant les outils numériques pour exiger transparence et intégrité tant du secteur public que du secteur privé. Notre prochaine frontière est une société où le dialogue est inclusif, la gouvernance participative et le bien‑être mental reconnu comme essentiel à la productivité nationale.
Nous défendons une culture où l'ambition est nourrie, l'échec devient une leçon et le bien‑être n'est pas négociable.
Le sommet Zambia 1000 a mis en lumière une vérité essentielle : notre énergie n'est pas une force rebelle, mais une ressource nationale inexploitée. La synergie entre notre innovation et notre audace numérique et l'expérience inestimable et la sagesse stratégique de nos aînés constitue une combinaison imparable. Ce pacte intergénérationnel est le plus grand avantage stratégique de notre nation.
La prochaine frontière de la Zambie n'est ni un secteur ni une politique. C'est un état d'esprit. C'est la frontière d'une collaboration audacieuse, où les jeunes obtiennent une place significative à la table des décisions. C'est la frontière d'investissements fondés sur la confiance, où le capital est déployé dans les idées et les startups que nous faisons germer.
C'est, en définitive, la frontière de la croyance : en nous-mêmes, en notre potentiel collectif et en notre destinée partagée.
Nous n'attendons pas le futur. Nous le codons, le défendons et le construisons de nos propres mains. La question n'est pas de savoir si les jeunes Zambiens sont prêts pour la frontière. Il se pourrait que ce soit la frontière qui doive être prête pour nous.
L'auteur, Kennedy Chileshe, est directeur exécutif du Jubilee Leaders Network en Zambie.
Clause de non-responsabilité : Les opinions exprimées par l'auteur ne reflètent pas nécessairement les opinions, les points de vue et les politiques éditoriales de TRT Afrika.
















