Le président kényan William Ruto a nié soutenir les Forces de soutien rapide du Soudan (RSF), engagées depuis 2023 dans une guerre brutale avec l'armée soudanaise.
Les RSF et leurs alliés sont accusés par l'ONU d'avoir commis des atrocités, en particulier à Al Fasher, la capitale du Darfour-Nord, récemment prise par les paramilitaires.
Les tensions sont vives entre Nairobi et Khartoum depuis que des éléments des RSF ont tenu une série de réunions à Nairobi au début de l'année.
Par la suite, les paramilitaires ont annoncé la formation d'un gouvernement parallèle, décision qui a irrité l'armée soudanaise.
Cependant, dans une rare interview accordée à Al Jazeera le 9 novembre, le président Ruto a expliqué que les réunions signalées des RSF à Nairobi s'inscrivaient dans l'« espace démocratique » du Kenya.
« Le Kenya est un grand pays démocratique. Nous sommes le seul endroit en Afrique de l'Est et en Afrique centrale où les gens peuvent se réunir librement, venant de toutes les régions du monde. Et la réunion qui a eu lieu au Kenya était une réunion de la société civile, de groupes d'églises, de responsables musulmans, de femmes. Ils discutaient de leur pays, le Soudan », a-t-il déclaré.
« Il y avait des personnes dont je ne savais même pas parfois qu'elles se rencontraient à Nairobi parce que nous sommes un pays libre et démocratique. De telles réunions ont eu lieu à Tripoli. De telles réunions ont eu lieu à Addis. »
Le journaliste a demandé : « Mais il y a aussi des allégations selon lesquelles vous seriez impliqué dans l'obtention d'armes, l'armée soudanaise disant que vous travaillez avec les ÉAU et que vous expédiez des armes. »
Le président Ruto a répondu : « C'est absolument faux. »
À la suite de ces tensions, le Soudan a interdit toutes les importations en provenance du Kenya, principalement des denrées alimentaires, du thé et des produits pharmaceutiques. Khartoum avait également rappelé son ambassadeur.
La guerre au Soudan, née d'une lutte de pouvoir entre les RSF et l'armée soudanaise (SAF) au sujet de la transition vers un régime civil, a éclaté en avril 2023.
Selon l'ONU, elle a fait plus de 20 000 morts parmi les civils et déplacé plus de 15 millions de personnes, créant l'une des pires crises humanitaires au monde. Les tentatives pour obtenir un cessez-le-feu permanent ont échoué.
« Je soutiens que le RSF et le SAF sont du même acabit. Ils sont le produit d'un renversement d'un gouvernement populaire et on ne peut pas dire qu'il y a une différence entre le SAF et le RSF », a soutenu le président kényan.
« Et d'ailleurs, ma position est que ces deux généraux n'ont pas de solution pour le Soudan, car tous deux croient résoudre un problème par des moyens militaires, alors qu'il ne s'agit pas d'un problème de sécurité. C'est un problème de gouvernance. »
La guerre s'est intensifiée récemment avec la prise d'Al Fasher, la capitale du Darfour-Nord, par les RSF.
L'ONU appelle à une action internationale pour stopper les atrocités commises par les paramilitaires, notamment les massacres.
La Cour pénale internationale estime que les atrocités des RSF pourraient constituer des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité.



















