Le scientifique congolais, Malu wa Kalenga, s’est imposé comme l’un des pionniers de la science nucléaire en Afrique. Son parcours, du port de Boma jusqu’aux grandes institutions mondiales de la physique appliquée, illustre un grand engagement au service du développement africain.
Natif de la ville de Boma, Malu a entamé ses études supérieures à l’Université de Kinshasa, où il obtint en 1962 un diplôme d’ingénieur en électricité et électronique. Il poursuit sa formation à l’Université de Californie à Berkeley.
Cette première expérience internationale lui a permis d’acquérir des outils scientifiques modernes, à une époque où les infrastructures de recherche en Afrique étaient encore balbutiantes.
Un patriote scientifique
Son retour au Congo marqua le début d’une carrière académique et scientifique remarquable. En 1969, il obtint un doctorat en sciences appliquées à l’Université catholique de Louvain, en Belgique.
Il a joué un rôle clé en tant que membre fondateur de l'Académie des sciences du tiers monde.
Il a dirigé le projet de construction et d’exploitation du réacteur de recherche RH TRIGA Mark II au Centre Régional d’Études Nucléaires de Kinshasa (CREN-K).
Selon AfricaNews, le réacteur actuel, un TRICO II d’un mégawatt, en vogue pour la recherche dans les années 1970, a été installé en mars 1973, mais ne fonctionne plus depuis 1994, faute de moyens.
La créativité humaine comme fondement de la prospérité nationale
Sous sa supervision, cette installation fit progresser les capacités de recherche nucléaire en Afrique centrale — une initiative particulièrement ambitieuse pour un pays à peine sorti de la colonisation.
Ses travaux vont au-delà de la physique nucléaire : il s’est intéressé également à la manière dont les énergies nucléaires et renouvelables pouvaient servir le développement du continent africain.
Sur la scène internationale, Malu était membre fondateur de la World Academy of Sciences, de l’Académie pontificale des sciences et administrateur à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
Malu, porte-voix de la science africaine, rappelait sans relâche le potentiel intellectuel du continent. Il a beaucoup plaidé pour une utilisation responsable de l’énergie atomique dans les pays du Sud. Il invitait les nations africaines à investir véritablement dans la science et l’éducation.
Lors de la Conférence nationale de 1992 en RDC, il avait notamment déclaré que « la créativité humaine – et non les seules ressources naturelles – devait constituer le fondement de la prospérité nationale ».
Quid de son héritage ?
Félix Malu wa Kalenga est mort le 22 avril 2011 à Kinshasa, à l’âge de 74 ans.
Son héritage perdure à travers les étudiants qu’il a formés, le réacteur qu’il a contribué à bâtir et le message qu’il a porté : « l’avenir de l’Afrique doit se construire sur la science, la dignité et l’autonomie ».
En avril 2025, la RD Congo a célébré le quatorzième anniversaire de son décès en lançant la Semaine de la Science et des Technologies.
Des ouvrages comme « Les utilisations de l'énergie nucléaire : cas de l'Afrique », « La guerre de l'énergie, aura-t-elle lieu? » et « L'énergie nucléaire : ses promesses, ses contraintes : le cas de l'Afrique » comptent parmi plus d’une centaine de publications réalisées par Félix Malu wa Kalenga.

 Kudra Maliro
Kudra Maliro













