Le ministre turc des Affaires étrangères a déclaré avoir eu des entretiens séparés avec plusieurs responsables américains et avec son homologue syrien lors d’une visite à Washington, portant sur les développements en Syrie et à Gaza.
Il a ajouté qu’il constatait que les États-Unis comprenaient la nécessité pour la Syrie de demeurer unie.
S’adressant aux médias turcs après les discussions, le ministre Hakan Fidan a indiqué, lundi, avoir été invité à participer à une partie de la rencontre entre le président américain Donald Trump et son homologue syrien Ahmed al-Charaa.
Il a précisé avoir également rencontré le secrétaire d’État Marco Rubio, le vice-président JD Vance, ainsi que les envoyés spéciaux Steve Witkoff et Tom Barrack.

Fidan a affirmé qu’Ankara avait fait part de ses positions sur la Syrie au cours des entretiens.
“Comment gérer plus efficacement les zones problématiques, notamment dans le sud et le nord de la Syrie ainsi que dans d’autres régions ? Comment travailler sur la loi César ? Nous avons eu l’occasion d’examiner ces questions en détail et de présenter nos vues et nos positions”, a-t-il expliqué aux médias turcs présents dans la capitale américaine.
“Nous avons ensuite pu discuter des positions générales de la Türkiye sur la Syrie, des possibilités de coopération avec les États-Unis, ainsi que de nombreuses questions liées au développement, à l’unité, à la solidarité, à la paix et à la sécurité régionale de la Syrie”, a-t-il ajouté.
La visite d’al-Charaa à la Maison Blanche constitue la première d’un dirigeant syrien depuis l’indépendance du pays, il y a près de 80 ans.
Fidan a souligné que le vice-président américain JD Vance avait également participé à la réunion, aux côtés du ministre syrien des Affaires étrangères Asaad al-Chaibani, de Marco Rubio, de Steve Witkoff et de Tom Barrack.
Palestine, Ukraine, Iran
Le chef de la diplomatie turque a précisé qu’il avait ensuite rencontré séparément Witkoff et Barrack pour “examiner en détail” de nombreuses questions, notamment sur la Palestine.
La guerre en cours entre la Russie et l’Ukraine figurait également à l’ordre du jour.
“Nous avons eu de longs échanges à ce sujet. Que peut-on faire, à ce stade critique, pour mettre fin à cette guerre ? Quel rôle la Türkiye peut-elle jouer ? Comment travailler avec les États-Unis sur ce dossier ? Notre président (Recep Tayyip Erdogan) a certaines vues à ce sujet”, a-t-il déclaré.
Fidan a ajouté que les deux parties avaient également échangé “de manière approfondie” sur la position américaine dans les négociations nucléaires avec l’Iran, et qu’il avait ensuite informé le président Erdogan des résultats de ces discussions.
La Syrie “pourrait connaître une fragmentation accrue”
Évoquant de nouveau la Syrie, Fidan a indiqué que l’attention portait actuellement sur les moyens de lever durablement les sanctions imposées par la loi César (Syria Caesar Civilian Protection Act), afin d’aider l’économie syrienne à se redresser.
“Certaines exemptions limitées ont été accordées par le biais de pouvoirs présidentiels, ouvrant la voie à certaines activités économiques. Mais la loi doit être entièrement abrogée puis ré-adoptée par le Congrès pour rendre ces exemptions inutiles. Il est extrêmement important que l’administration partage ce point de vue et formule une telle recommandation au Congrès. Par conséquent, je considère que les déclarations d’al-Charaa et les nôtres sur ce point sont d’une importance capitale”, a-t-il détaillé.
Le ministre a souligné que ses discussions étaient également cruciales pour aborder la situation dans la province méridionale de Soueïda, sous la coordination du Croissant-Rouge arabe syrien et du gouvernement syrien, ainsi que dans les zones du nord-est de la Syrie où se trouvent les éléments du groupe terroriste PKK/YPG, opérant sous le nom de “FDS”.
“En réalité, nous observons un schéma similaire : au nord, au nord-est et au sud. Si les problèmes dans ces régions ne sont pas gérés avec prudence, il existe un risque qu’ils affectent l’intégrité territoriale et régionale du pays tout entier. En d’autres termes, la Syrie pourrait faire face à une fragmentation accrue. Il est donc essentiel que les Américains comprennent cela et je constate qu’ils le comprennent”.
“Autrement dit, il est primordial que le pays reste uni et indivisible, mais aussi que chacun bénéficie d’une sécurité de vie et de biens, et que les divers groupes ethniques et religieux ne subissent aucune pression à cet égard. Bien sûr, un grand effort est déployé pour trouver ce juste équilibre. Dans le même temps, ils ne doivent représenter une menace pour personne. Nous avons eu des discussions sérieuses et échangé des points de vue sur cette question”, a-t-il conclu.



























