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Ce qu’il faut savoir sur l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire
Plus de 8,7 millions d’Ivoiriens sont inscrits sur les listes électorales pour l’élection présidentielle, qui voit cinq candidats s’affronter pour la magistrature suprême.
Ce qu’il faut savoir sur l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire
Les bureaux de vote ouvriront à 8 h GMT et fermeront à 18 h GMT. / Reuters
il y a 9 heures

Les Ivoiriens se sont rendus aux urnes samedi pour élire leur prochain président, lors d’un scrutin très attendu considéré comme un test de stabilité et de confiance démocratique dans l’une des économies les plus dynamiques d’Afrique de l’Ouest.

Le président Alassane Ouattara, 83 ans, brigue un quatrième mandat, promettant la continuité en matière de croissance économique, d’infrastructures et de sécurité. Ancien économiste du FMI et Premier ministre sous le dirigeant de l’indépendance Félix Houphouët-Boigny, il dirige le pays depuis 2010 à la tête du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP).

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Les partisans de Ouattara lui attribuent la relance de la Côte d’Ivoire après des années d’instabilité. Entre 2012 et 2019, le pays a enregistré une croissance moyenne du PIB de 8,2 %, selon la Banque mondiale, l’une des plus rapides d’Afrique. La croissance est restée solide depuis la pandémie de COVID-19.

Sa candidature à un quatrième mandat découle d’une révision constitutionnelle de 2016 qui a remis à zéro le compteur des mandats présidentiels – une décision que ses opposants jugent antidémocratique.

Les candidats en lice

Ouattara affronte quatre adversaires, bien que l’opposition dénonce un déséquilibre dans la compétition.

Jean-Louis Billon, 60 ans, ancien ministre du Commerce et homme d’affaires, représente le Congrès démocratique (CODE). Il est considéré comme le principal rival du président sortant, soutenu par le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) de l’ex-PDG de Crédit Suisse Tidjane Thiam.

Thiam, qui a renoncé à sa nationalité française en mars, a été disqualifié en avril pour cause de double nationalité, une décision qui a suscité la colère de l’opposition. Billon promet une gouvernance inclusive, des réformes contre la corruption et la création d’emplois par le secteur privé.

Simone Ehivet Gbagbo, 76 ans, ancienne Première dame et épouse de l’ex-président Laurent Gbagbo, conduit le Mouvement des générations capables (MGC). Candidate indépendante, elle met l’accent sur la justice sociale, l’autonomisation des femmes, le développement rural et la santé, séduisant ainsi l’électorat rural.

Le Conseil constitutionnel a interdit à son mari, Laurent Gbagbo, de se présenter en raison de son casier judiciaire, conformément au code électoral. Arrêté en 2011 à la demande de la Cour pénale internationale (CPI) pour des accusations de meurtre et de viol, il a été acquitté en 2019.

Ahoua Don Mello, 67 ans, ancien porte-parole de Gbagbo, se présente en indépendant après avoir été exclu du Parti des peuples africains Côte d’Ivoire (PPA-CI). Il prône une réforme monétaire, notamment l’abandon du franc CFA, la souveraineté en matière de défense et une mobilisation des électeurs, jugeant la participation essentielle pour éviter un boycott similaire à celui de 2020.

Henriette Adjoua Lagou, 69 ans, du Front populaire ivoirien (FPI), axe sa campagne sur la réconciliation nationale, la justice de genre et la lutte contre la corruption. Ancienne ministre de l’Éducation sous Gbagbo, elle rejette les accusations d’alignement avec le pouvoir et se présente comme une réformatrice indépendante.

Divisions et contexte sociopolitique

Les fractures issues de la guerre civile de 2002-2007 et de la crise post-électorale de 2010 – qui avait fait environ 3 000 morts – demeurent ancrées, les rivalités Nord-Sudcontinuant de façonner les allégeances politiques. Ces tensions restent étroitement liées à la rivalité durable entre Ouattara et Gbagbo, dont les partisans conservent une forte influence dans le sud du pays.

La Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao, compte environ 32 millions d’habitants, dont près de la moitié ont moins de 18 ans. Les femmes, majoritaires parmi les électeurs inscrits, revendiquent une plus grande inclusion économique et politique.

Des inquiétudes sécuritaires persistent le long des frontières nord, notamment en raison du conflit au Burkina Faso voisin, où des attaques sporadiques de groupes terroristes font craindre une propagation de l’instabilité.

Le débat sur le franc CFA, monnaie historiquement liée à la France, reste vif, avec des appels croissants à une souveraineté monétaire.

Système électoral et perspectives

L’élection se déroule selon un scrutin majoritaire à deux tours : un candidat doit obtenir plus de 50 % des voix pour être élu dès le premier tour, faute de quoi un second tour opposera les deux premiers.

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La Commission électorale indépendante (CEI) supervise le processus et publiera des résultats provisoires dans un délai de cinq jours, avant la validation finale par le Conseil constitutionnel.

Plus de 8,7 millions d’électeurs sont inscrits, mais l’opposition affirme que ce chiffre ne reflète pas la population adulte réelle.

La campagne électorale, menée du 10 au 23 octobre, a été encadrée par des restrictions sur l’usage des véhicules publics, la publication des sondages et les discours incendiaires.

Des observateurs internationaux de la CEDEAO et de l’Union africaine surveillent le scrutin pour en garantir la transparence.

SOURCE DE L'INFORMATION:TRT Afrika