Par Benjamin Sivanzire
TRT Afrika - Kisangani, RDC
La Commission Électorale Nationale Indépendante a proclamé dimanche la victoire de Félix Tshisekedi à la présidentielle avec 73% des suffrages. Sur 41,7 millions d’électeurs attendus, 18 millions ont valablement participé au vote, soit 43% de taux de participation. Ses opposants principaux, Moïse Katumbiet Martin Fayulu eux ont respectivement obtenu 18,08 % et 5,33% des suffrages exprimés selon les chiffres publiés par la CENI.
"Yo Nani, oboya Fatshi ?” (Qui es-tu pour boycotter Fatshi?), tel est le slogan scandé toute la nuit dans les grandes artères des villes de la République Démocratique du Congo, pour célébrer la réélection de Félix Antoine Tshisekedi.
Des klaxons des motards par-ci, des cris de joie et diverses sonorités de la musique congolaise par-là, le nouvel an semble avoir tôt commencé dans les coins et recoins de la RDC.
Des millions de Congolais à travers tout le pays ont accueilli avec faste la réélection de Félix Tshisekedi pour son second mandat de cinq ans. La cérémonie de proclamation des résultats a été retransmise en direct de la télévision nationale.
"C'était question de la Patrie"
Content de sa réélection, le Président Congolais a déclaré : "C'était une question de la patrie". Une allusion faite à "la solidarité de ses pairs dans le combat contre la coalition des groupes armés actifs à l'Est du pays prêt à combattre son régime", explique à TRT Afrika sous anonymat, un ancien allié d'un groupe politico-militaire en Ituri.
"Soyez rassurés que la RDC, sous mon impulsion, poursuivra son élan de reconquête du respect et de la place qu'elle mérite dans le monde", a ajouté M. Tshisekedi.
Ces élections ont été pourtant organisées dans un contexte sécuritaire volatile. Depuis deux ans, le Mouvement du 23 Mars a repris les hostilités et la reconquête des plusieurs villages au Nord-Kivu.
Tôt dans la journée de Dimanche avant les résultats du scrutin, Corneille Nangaa, ancien président de la CENI s'est affiché depuis les lignes de front de Rutshuru aux côtés des responsables de ce mouvement rebelle. Objectif, combattre le nouveau régime de Kinshasa pour ce qu'il qualifie de "simulacre d'élections".
L'alliance du Fleuve Congo, un regroupement des groupes armés et de partis politiques qui a vu le jour à la mi-décembre au Kenya pour cette fin.
Dans la région des grands lacs les alliés se dessinent. Dans un message sur X, le président burundais n'a pas tardé à exprimer sa joie face à réélection du président congolais. Avec lui, des accords militaires ont déjà été conclus lors du précédent mandat. Conséquence, des milliers de militaires des Forces Nationales Burundaises sont déjà déployés en RDC.
"Je félicite vivement mon Homologue et Frère S.E Félix Antoine Tshisekedi pour sa réélection à la tête de la RDC suite à la publication des résultats provisoires. En cas d'éventuel contentieux électoral, je forme le vœu d'une résolution pacifique à travers à travers les canaux légaux", a fait savoir Evariste Ndayishimiye.
Plusieurs autres chefs d'Etat africains dont le Sénégalais Macky Sall et l'Ougandais Yoweri Museveni ont félicité le président Tshisekedi pour sa réélection
Des attentes et promesses renouvelées
Certains Congolais interrogés estiment que la réélection de Félix Tshisekedi est une seconde chance pour réaliser des centaines de ses promesses du mandat écoulé.
"Nous ne pouvons plus accepter d'être dirigés par des étrangers. Je suis fier qu'à ce jour un congolais d'origine vient de prendre légalement le pouvoir. Il nous a promis la paix et nous sommes prêts à nous battre à ses côtés pour cette fin", nous dit Charles, 25 ans, déplacé interne natif de Lubumbashi installé à Kisangani depuis deux ans. À l'en croire, c'est la guerre qui a fait de lui un "vagabond dans son propre pays".
Les attentes ne sont pourtant pas les mêmes. Bienvenu Soli qui vient de participer pour la toute première fois à un exercice électoral est quant à lui pessimiste.
"Nous n'avons pas d'eau, pas de routes, pas d'électricité. On aspirait à un changement mais rien ne rassure sur un miracle possible dans les cinq prochaines années", souffle -t-il.
"Honte à eux"
"Honte à eux!", s'exclame Martin Fayulu, candidat aarivé troisième, selon les résultats officiels provisoires. Contestant les résultats de ce scrutin, il lance : "Peuple congolais, n'acceptez pas ce nouveau coup d'état", dans un message adressé tard dans la soirée du dimanche à ses partisans.
Il emboîtait ainsi le pas à d'autres opposants dont Moïse Katumbi, Matata Ponyo et Seth Kikuni.
Déjà tôt dans la matinée du dimanche, plusieurs de leurs sympathisants étaient signalés dans les rues de Goma, Kinshasa ou encore des cités du Katanga. Tous réclamaient l'annulation du "simulacre" de scrutin ou la mise ne place transitiondont la durée serait définie, selon eux, par les parties prenantes.
Le gouvernement congolais a soutenu que, les opposants ayant appelé à faire échec au régime, sont de "connivence avec les rébellions armées déjà actives au Kivu".
Les résultats publiés par la CENI restent à confirmer par la Cour Constitutionnelle. Cette dernière devra les examiner avant la prestation de serment prévue le 20 Janvier prochain.
En attendant, la Synergie des Missions d'observation électorale, SYMOCEL, appelle les partis qui s'estiment léssés par les résultats provisoires de la commission électorale à recourir aux voies légales pour régler le contentieux électoral.