L'Érythrée a rejeté jeudi une accusation de l'Éthiopie selon laquelle elle se préparerait à lancer une guerre, qualifiant cette affirmation de « provocation belliqueuse » dans un contexte de tensions croissantes entre ces deux voisins de la Corne de l'Afrique.
Les relations entre les deux pays sont tendues depuis plusieurs mois, plus de 30 ans après que l'Érythrée a obtenu son indépendance de l'Éthiopie à l'issue d'une longue lutte armée.
Le ministère des Affaires étrangères éthiopien a envoyé une lettre au secrétaire général de l'ONU, António Guterres, plus tôt ce mois-ci, accusant Asmara de collusion avec une faction radicale du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) pour « mener une guerre » contre son pays.
Selon cette lettre signée par le ministre des Affaires étrangères, les deux parties auraient « financé, mobilisé et dirigé des groupes armés » dans la région d'Amhara, où les forces fédérales combattent des rebelles depuis plusieurs années.

« Mascarade trompeuse »
"La campagne de propagande intense visant à attiser des ambitions irrédentistes s'est accompagnée de provocations belliqueuses", a déclaré le ministre de l'Information érythréen, Yemane Ghebremeskel, à l'AFP.
Il a condamné la lettre d'Addis-Abeba à l'ONU comme une « mascarade trompeuse ».
Dans une autre lettre datée de mercredi et dont l'AFP a reçu une copie jeudi, le TPLF a souligné que les accusations de l'Éthiopie étaient « totalement infondées ».
"Nous sommes cependant profondément préoccupés par le fait que le gouvernement fédéral semble construire un dossier pour une nouvelle guerre dans la région sur la base d'allégations infondées", indique la lettre.
Appels à une médiation de l'UA
Cette lettre, également adressée au secrétaire général de l'ONU, appelle à une médiation de l'Union africaine et de la communauté internationale.
Le parti a qualifié la lettre d'Addis-Abeba d'"inversion dangereuse de la réalité".
C'est « une tentative de présenter l'agresseur comme la victime et les victimes comme l'agresseur », a-t-il déclaré.
Après l'indépendance de l'Érythrée en 1993, une guerre frontalière sanglante a éclaté entre les deux pays de 1998 à 2000, faisant des dizaines de milliers de morts.
Les relations se sont réchauffées en 2018 après l'arrivée au pouvoir du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, qui a signé un accord de paix avec le président Isaias Afwerki, au pouvoir en Érythrée depuis l'indépendance.
Cet accord de paix a valu à Abiy le prix Nobel de la paix en 2019.
Les troupes érythréennes ont soutenu les forces fédérales éthiopiennes pendant la guerre dans la région du Tigré, entre 2020 et 2022, qui a fait environ 600 000 morts selon l'Union africaine.