Le président congolais Félix Tshisekedi a lancé jeudi un appel pressant à son homologue rwandais Paul Kagame pour qu’il ait “le courage” de travailler avec lui afin d’instaurer “la paix des braves” dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), une invitation rejetée comme “une comédie politique ridicule” par Kigali.
Lors d’un forum diplomatique et économique sur les investissements européens en Afrique à Bruxelles, Tshisekedi a dénoncé la poursuite des violences dans l’est de son pays, région riche en ressources naturelles et frontalière du Rwanda, en proie à des conflits depuis plus de trente ans.
Depuis janvier, le groupe rebelle M23 a pris le contrôle de plusieurs grandes villes, dont Goma et Bukavu.
“Je prends à témoin l’assistance ici présente et le monde entier (…) pour lancer un appel à la paix, lui tendre la main et demander à ce qu’on arrête cette escalade”, a déclaré le président congolais.
“Aujourd’hui (…) nous sommes les deux seuls capables d’arrêter cette escalade”, a-t-il ajouté, soulignant que la paix ne pourrait être envisagée que si Kagame ordonnait au M23 de cesser les hostilités dans l’Est congolais.
“Les plaidoiries que j’ai prévues pour appeler à des sanctions (NDLR … contre le Rwanda) je préfère les suspendre pour le moment en attendant évidemment d’avoir la réponse du président Paul Kagame”, a indiqué Tshisekedi en signe de bonne foi.
Présent à la tribune peu avant Tshisekedi, Kagame s’est contenté d’évoquer “une énergie positive” autour des affaires, des investissements et de la paix. Mais quelques heures plus tard, sur le réseau X, il a critiqué son homologue par une métaphore : “Ceux qui s’inquiètent du bruit que fait un bidon vide ont aussi un problème”.

Le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, a dénoncé quelques heures plus tard les propos du chef de l’Etat congolais, affirmant que “le seul à pouvoir arrêter cette escalade est le président Tshisekedi, et lui seul”.
Il a accusé Tshisekedi d’avoir entretenu “une comédie politique ridicule” qui consiste à “abuser d’une tribune d’un sommet important de partenariat économique, comme le Global Gateway Forum, pour lancer des accusations et mensonges éhontés contre un chef d’État, avant de se faire passer pour une victime d’un conflit qu’il a lui-même provoqué”.
Le diplomate a également accusé Kinshasa de soutenir la milice Wazalendo et les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR, milice hutue rwandaise établie en RDC et mise en cause dans le génocide au Rwanda), de recourir à des mercenaires étrangers et à des bombardements aériens contre les populations locales, en violation des accords de paix précédemment conclus.

Malgré la signature d’une déclaration de principes à Doha le 19 juillet et d’un accord de paix entre la RDC et le Rwanda à Washington fin juin, les violences se poursuivent. Kinshasa et Kigali s’accusent mutuellement de provoquer l’escalade, chaque camp invoquant la sécurité de ses populations.
Durant son allocution, Tshisekedi a également salué “l’implication” du président américain Donald Trump dans les efforts de paix, que celui-ci s’attribue régulièrement, tandis que le conflit reste non résolu sur le terrain.