Par Pauline Odhiambo
Adhieu Marial se tient dans ce qui reste de sa maison dans l'État d'Unité, au Soudan du Sud, observant ce que les eaux de crue ont épargné.
« D'abord, nous avons fui les armes. Maintenant, nous fuyons l'eau », raconte cette mère de quatre enfants à TRT Afrika.
Ces dernières semaines, les rivières débordantes ont englouti de vastes étendues des États de Jonglei, du Nil Supérieur et de l'Unité, déplaçant plus de 100 000 personnes. Beaucoup d'entre elles avaient à peine commencé à reconstruire timidement leur vie après avoir été forcées de fuir les violences qui ont éclaté plus tôt cette année.
Aujourd'hui, les inondations mettent une fois de plus leur résilience à l'épreuve.
Adhieu, parmi ceux qui luttent pour rester à flot face à une nouvelle calamité, a décidé de se concentrer sur l'avenir. Les épreuves passées lui ont appris que la seule chose qui fonctionne quand on n'a plus rien à perdre, c'est la résilience.
« Les eaux de crue ont englouti notre maison, mais nous continuons à espérer. Avec ces bâches en plastique distribuées par les agences d'aide, nous avons au moins un petit abri. Mes enfants sont en sécurité pour l'instant. Nous posons nos pieds sur ce petit bout de terre sèche, et nous recommencerons. Nous devons le faire », déclare Adhieu, reflétant les sentiments de milliers de personnes qui luttent pour reconstruire leur vie à partir de rien.
Des crises qui se cumulent
Chaque jour, l'espoir est mis à l'épreuve dans les États ravagés par les inondations au Soudan du Sud, alors que ceux qui ont perdu leur maison et leurs moyens de subsistance cherchent des moyens de repartir à zéro.
L'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) avertit que si les inondations persistent, jusqu'à 400 000 personnes pourraient être déplacées d'ici la fin de l'année. Le pic est attendu vers les dernières semaines d'octobre, menaçant d'aggraver les pénuries alimentaires.
« Nous assistons à une tempête parfaite de chocs climatiques et de conflits, où une crise en alimente sans relâche une autre », explique Eunice Njeri, coordinatrice sur le terrain travaillant avec diverses organisations non gouvernementales au Soudan du Sud, à TRT Afrika.
« Une famille déplacée par les combats arrive dans une nouvelle zone, pour être immédiatement déplacée à nouveau par les inondations. Ce mouvement constant détruit les réseaux de soutien communautaire, submerge les services de base et crée un cercle vicieux de vulnérabilité incroyablement difficile à briser. »
La solution, souligne Njeri, réside dans la fusion des stratégies pour atténuer chaque cycle de douleur au lieu de les traiter comme des problèmes distincts.
« La réponse internationale doit être aussi interconnectée que les crises », dit-elle.
L'éducation comme fondement
Au milieu des défis, un aspect réconfortant de la lutte de la population touchée par les inondations est sa foi inébranlable dans le pouvoir de l'éducation.
Les enseignants sont déterminés à poursuivre l'éducation, même si les écoles et les salles de classe se transforment en mares stagnantes.
« C'est notre plus grand défi », affirme Puot Kuol, enseignant dans le Nil Supérieur. « Mais nous ne pouvons pas abandonner. La guerre a perturbé leur éducation, et maintenant les inondations posent un autre défi. Mais nous cherchons des solutions – enseigner à l'ombre d'un arbre, dans une tente donnée, partout où nous le pouvons. Ces enfants sont l'avenir du Soudan du Sud. Nous trouverons un moyen de les enseigner. »
Les sentiments de Puot illustrent comment les communautés locales du Soudan du Sud sont déterminées à reconstruire, réapprendre et revendiquer leur avenir contre toute attente.
Des lacunes critiques dans le financement
Les agences d'aide renforcent cette résilience, le HCR et ses partenaires donnant la priorité à l'assistance vitale sous forme de distributions d'argent, d'abris d'urgence et de bâches en plastique.
Ils travaillent également sur des adaptations à long terme comme le déploiement de pompes à eau et la réhabilitation des digues. Ces efforts s'appuient sur cinq années de travail pour aider les communautés à résister aux chocs climatiques récurrents.
Pourtant, l'appel international pour le Soudan du Sud reste gravement sous-financé, en contraste avec l'ampleur d'une crise qui exige davantage.
Les niveaux actuels de financement ne permettent au HCR d'aider qu'un tiers des personnes susceptibles d'être déplacées cette année, obligeant l'agence à réduire les opérations critiques dans des régions touchées comme l'État d'Unité.
Mais pour ceux qui sont en première ligne, chaque morceau de bâche en plastique, chaque digue réparée et chaque salle de classe improvisée est une victoire contre la marée.