Septicémie maternelle : l'Afrique se saisit de l'infection du post-partum évitable
AFRIQUE
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Septicémie maternelle : l'Afrique se saisit de l'infection du post-partum évitableLe programme APT-Sepsis de l'OMS au Malawi et en Ouganda montre que les décès maternels dus à des infections évitables peuvent être réduits de près d'un tiers lorsque les hôpitaux appliquent des protocoles d'hygiène et de traitement de base.
En Afrique, les hôpitaux appliquant des protocoles de septicémie ont enregistré une baisse de 32% de la mortalité maternelle
il y a 18 heures

Par Pauline Odhiambo

Onze mères sur 1 000 dans le monde contractent des infections post-partum susceptibles d'entraîner un dysfonctionnement d'organes, voire la mort.

Ce qui est d'autant plus alarmant dans ces données, citées dans l'étude mondiale sur le sepsis maternel 2020 (Global Maternal Sepsis Study, GLOSS) de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), c'est que ces décès sont tous évitables.

Quelques jours après avoir accouché de son fils dans un hôpital ougandais, Grace Nalwoga a frôlé le piège fatal d'une infection post-partum.

Ce qui avait commencé comme une convalescence normale après l'accouchement s'est rapidement transformé en crise lorsqu'une fièvre si intense a frappé Grace qu'elle a senti la vie la quitter.

« La chaleur et la douleur à l'intérieur de moi étaient insupportables », confie Grace à TRT Afrika.

« Je m'affaiblissais de plus en plus chaque heure. Je me souviens avoir regardé mon nouveau-né et avoir craint de ne pas vivre pour le voir grandir. »

Grace avait développé une infection maternelle sévère qui a évolué en sepsis, une affection potentiellement mortelle où la réaction du corps à l'infection endommage les tissus et les organes.

Elle fait partie d'un nombre innombrable de femmes pour lesquelles la joie de la naissance est assombrie par le spectre des décès maternels liés au sepsis en Afrique et dans de nombreuses autres régions du monde.

Beaucoup de ces jeunes mères meurent parce que les hôpitaux n'appliquent pas systématiquement des protocoles de base en matière d'hygiène et de traitement.

L'OMS identifie une hygiène rigoureuse des mains, la détection précoce et un traitement opportun comme les trois déterminants clés pour prévenir le sepsis maternel.

Protocoles salvateurs

Au Malawi, la lutte d'Alice Kambalame contre une infection post-opératoire a commencé après un travail prolongé qui s'est soldé par une césarienne.

« Après l'opération, j'ai su que quelque chose n'allait pas », raconte Alice à TRT Afrika.

« La plaie était rouge et douloureuse, et je me sentais étourdie et confuse. Les médecins et les infirmières ont agi très rapidement. Ils m'ont dit que j'avais une infection et ont commencé le traitement immédiatement. Je crois que leur rapidité m'a sauvé la vie. »

La différence entre la disparition de justesse de Grace et le traitement rapide d'Alice se reflète désormais dans une nouvelle étude institutionnalisée.

Des recherches publiées dans le New England Journal of Medicine par l'OMS, le Programme spécial de recherche, de développement et de formation en matière de reproduction humaine (HRP) de l'ONU et l'université de Liverpool montrent qu'une approche structurée de la prévention et du contrôle des infections peut réduire de plus de 30 % les infections maternelles graves et les décès.

L'essai, mené dans 59 hôpitaux au Malawi et en Ouganda et impliquant plus de 431 000 femmes, a conduit à la mise en place du programme Active Prevention and Treatment of Maternal Sepsis (APT‑Sepsis).

L'initiative aide les soignants à combler les lacunes dans la prise en charge en renforçant les « cinq moments pour l'hygiène des mains » de l'OMS, en appliquant des directives éprouvées sur la prévention des infections et en utilisant le protocole FAST‑M — fluids, antibiotics, source control, transfer if required, and monitoring — (fluides, antibiotiques, contrôle de la source, transfert si nécessaire et surveillance).

Intervention efficace

Les hôpitaux appliquant le protocole APT‑Sepsis ont observé une réduction de 32 % de la mortalité maternelle et de la morbidité sévère liées aux infections.

Ils ont également signalé des améliorations significatives de l'observance de l'hygiène des mains, de l'utilisation de la prophylaxie antibiotique lors des césariennes et de la surveillance systématique des signes vitaux pour détecter précocement les infections.

« Le programme APT‑Sepsis est la preuve de ce qui peut être accompli lorsque la science, les politiques et les soins de première ligne travaillent ensemble », déclare le Dr Jeremy Farrar, directeur général adjoint à l'OMS.

« Réduire de plus de 30 % les infections et les décès maternels n'est pas seulement un succès clinique ; c'est un appel à l'action pour les systèmes de santé mondiaux afin de prioriser la prévention des infections dans les soins maternels. Il faut assurer la diffusion et la pérennisation de ces pratiques vitales dans tous les contextes. »

Petites victoires

Pour des mères comme Alice, il existe désormais un système visant à prévenir les infections post-partum et à assurer une prise en charge rapide et efficace si le sepsis survient.

Le succès du modèle au Malawi et en Ouganda a poussé l'OMS et ses partenaires à étendre cette approche au sein des systèmes de santé nationaux à travers le monde.

Alors que Grace regarde son fils jouer, elle se dit reconnaissante d'avoir survécu et de pouvoir témoigner pour que d'autres mères n'aient pas à vivre la même épreuve.

« Dieu merci, j'ai survécu pour raconter mon histoire », explique Grace à TRT Afrika. « Quand je vois mon fils heureux et plein de vie, je pense à toutes les autres mères qui pourront voir leurs enfants grandir grâce à ce nouveau protocole de prise en charge. C'est une belle victoire. »

SOURCE DE L'INFORMATION:TRT Afrika