Le candidat de l'opposition camerounaise, Issa Tchiroma, a déclaré sa victoire tard lundi lors de l'élection présidentielle du 12 octobre, appelant le président Paul Biya à accepter sa défaite et à « honorer la vérité des urnes ».
« Notre victoire est claire. Elle doit être respectée », a indiqué Tchiroma dans un discours publié sur sa page Facebook depuis sa ville natale de Garoua, dans le nord de cet État d'Afrique centrale.
« Le peuple a choisi. Et ce choix doit être respecté. »
Tchiroma, âgé de 76 ans, ancien porte-parole du gouvernement et ministre de l'Emploi, s'est éloigné de Biya plus tôt cette année pour lancer une campagne qui a attiré de grandes foules et des soutiens d'une coalition de partis d'opposition et de groupes civiques.
Bien que les feuilles de dépouillement puissent être publiées, les résultats définitifs doivent être annoncés par le Conseil constitutionnel du pays – une « ligne rouge à ne pas franchir », selon le gouvernement.
En quête d'un huitième mandat
Lors de l'élection présidentielle de 2018, le candidat de l'opposition Maurice Kamto s'était déclaré vainqueur dès le lendemain du scrutin.
Il avait ensuite été arrêté, et les rassemblements de ses partisans avaient été dispersés à coups de gaz lacrymogènes et de canons à eau, avec des dizaines d'arrestations.
Biya, âgé de 92 ans, le chef d'État en exercice le plus âgé au monde, brigue un huitième mandat après 43 ans au pouvoir.
Tchiroma a salué les électeurs pour avoir défié les intimidations et être restés tard dans la nuit aux bureaux de vote pour protéger leurs bulletins.
« Je remercie également les candidats qui m'ont déjà adressé leurs félicitations et reconnu la volonté du peuple », a-t-il ajouté.
Le gouvernement n'a pas encore officiellement réagi à la déclaration de Tchiroma.
Cependant, le ministre de l'Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a averti ce week-end que toute publication unilatérale des résultats serait considérée comme une « haute trahison », ajoutant que seul le Conseil constitutionnel a l'autorité d'annoncer le vainqueur.
La loi électorale camerounaise permet la publication et l'affichage des résultats dans les bureaux de vote, mais les décomptes finaux doivent être validés par le Conseil constitutionnel, qui a jusqu'au 26 octobre pour annoncer les résultats.