Par Pauline Odhiambo
Une grande conversation sur les réseaux sociaux se déroule actuellement au Kenya, impliquant la famille de l'ancien Premier ministre du pays, Raila Odinga, décédé récemment à l'âge de 80 ans.
Cette discussion porte sur deux sujets : d'une part, l'installation de son fils, Raila Junior, dans le rôle de successeur lors d'une cérémonie spéciale, et d'autre part, les moqueries dont il est la cible de la part de certains Kényans, suscitant une condamnation généralisée.
Commençons par l'installation officielle de Raila Junior en tant que successeur de son père.
Lors d'une cérémonie émouvante ancrée dans la tradition Luo du Kenya, Raila Junior a été officiellement présenté comme le nouveau chef de l'une des familles les plus influentes et respectées du pays.
Le rite de succession, connu localement sous le nom de « liedo », ce qui signifie « rasage », est une pierre angulaire de la coutume ethnique Luo. Ce rituel permet au fils aîné de prendre le rôle de chef de famille pour assurer la continuité après le décès du patriarche.
Raila Junior est actuellement le fils aîné de Raila Odinga, après le décès de son frère aîné Fidel Odinga en 2015.
La cérémonie de « rasage » se tient traditionnellement près d'une rivière pour des raisons de purification.
Cependant, avec l'évolution des modes de vie, de nombreuses familles Luo vivant loin des cours d'eau préfèrent désormais effectuer ce rite à domicile tout en conservant sa symbolique.
La femme la plus âgée de la famille, généralement une grand-mère, effectue trois coupures symboliques avant le rasage complet.
C'est exactement ce qu'a fait la famille Odinga. L'événement a eu lieu à leur ferme d'Opoda à Bondo, le jeudi 23 octobre, trois jours après l'enterrement de Raila Odinga.
Cependant, bien que l'épouse et les enfants de l'héritier soient également traditionnellement rasés, certains rapports indiquent que l'épouse de Raila Junior aurait exprimé des réserves à ce sujet.
Après le rasage, Raila Junior a reçu une lance et un bouclier. Il a ensuite accepté ses nouvelles responsabilités. Cet acte l'autorise officiellement à parler au nom de la famille et à défendre ses intérêts. Cependant, cela ne signifie pas qu'il hérite du rôle politique national de son père.
Pour la communauté Luo, ces rituels sont essentiels. Ils considèrent que la mort n'est pas une fin, mais une transition vers le monde des ancêtres.
Cependant, ce rite hautement respecté pour Raila Junior intervient alors qu'il fait face à une vague de moqueries en ligne ciblant son apparence. Il vit ouvertement avec un neurinome acoustique, une tumeur cérébrale bénigne qui comprime le nerf facial, provoquant une paralysie.
Ces moqueries, largement condamnées, ont vu certains créateurs de contenu imiter sa façon de parler et ses expressions.
La Commission nationale kényane des droits de l'homme et le porte-parole du gouvernement, Isaac Mwaura, ont dénoncé ces moqueries comme étant « dégradantes » et « discriminatoires », appelant les utilisateurs des réseaux sociaux à s'abstenir de tels comportements.
