À Kolwezi, dans le Lualaba, un nouvel incident aérien ravive une inquiétude persistante : prendre l’avion en République démocratique du Congo demeure-t-il un risque majeur ?
Selon plusieurs sources aéroportuaires l’appareil en cause — un Embraer ERJ-145 de la compagnie Mwant Jet — a terminé sa trajectoire hors de la piste lors de l’atterrissage.
Le jet brésilien, conçu pour les liaisons régionales et estimé à environ 2,5 millions de dollars sur le marché de l’occasion, est pourtant considéré comme fiable et moderne.
Mais son immobilisation dans la poussière de Kolwezi met crûment en lumière les fragilités profondes qui minent encore l’aviation congolaise.
L’avion transportait le ministre des Mines et son équipe.
Les équipes de secours ont été immédiatement dépêchées sur les lieux tandis qu’un bilan officiel est attendu. Une enquête a été ouverte pour déterminer les causes exactes du crash.
Ce crash mène à la même conclusion : la RDC évolue dans un environnement aérien particulièrement contraignant.
Les infrastructures sont vieillissantes, les pistes sont souvent dégradées, le contrôle aérien est limité, et la flotte demeure très hétérogène, composée en grande partie d’appareils anciens ou achetés d’occasion.
Contrôle aérien limité
La maintenance représente un défi majeur : nombre de compagnies disposent de ressources insuffisantes pour assurer l’entretien optimal de machines déjà marquées par de longues heures de vol.
Selon la Régie des voies aériennes de la RDC, les conditions météorologiques souvent extrêmes contribuent de plus en plus aux accidents.
Le crash de ERJ-145 de Kolwezi rappelle enfin une réalité paradoxale : moderniser la flotte ne suffit pas.
Quand les conditions d’exploitation restent "à risque", même les appareils les plus fiables deviennent vulnérables. Pour espérer briser ce cycle, la RDC devra combiner formation renforcée des équipages, modernisation des infrastructures et contrôle rigoureux des opérations.
Ce crash n’a rien d’un cas isolé. Les archives du Bureau of Aircraft Accidents Archives (BAAA) et d’Aviation Safety Network révèlent un tableau inquiétant : une série de crashs, d’incidents majeurs et une flotte d’appareils souvent vieillissants.
Les accidents récents en RDC les plus marquants parlent d’eux-mêmes :
1.En mai 2024, un Boeing 737-300 cargo sort de piste à Kinshasa.
2.En janvier 2025, un Antonov AN-26B dépasse la piste à Kongolo après une avarie.
3.En mars 2024, un Let L-410 heurte le sol à Butembo, blessant deux personnes.
4.Quelques jours plus tôt, un Cessna 208B Grand Caravan s’écrase à Katchungu, tuant son pilote.
4.En août 2023, un Cessna 207 Skywagon chute en vol près de Mbukula, mais des survivants émergent des décombres.
5.En avril 2023, un AN-26B est détruit à Lisala après un atterrissage raté.
6.En novembre 2022, trois personnes meurent dans le crash d’un Let L-410 au Sud-Kivu.
7.En septembre 2022, un Antonov AN-28 s’écrase à Kasese, faisant trois morts.
8.En février 2022, un autre Let L-410 est réduit en cendres à Bukavu après un départ d’incendie.
9.Et en mars 2022, un hélicoptère Puma SA 330 de la MONUSCO est abattu dans le Nord-Kivu, tuant huit casques bleus.

















