Par Dayo Yussuf
L'entraîneur kényan de sprint Dennis Mwanzo s'est penché pour régler les blocs de départ de son protégé lors de l'entraînement du matin le 3 octobre lorsqu'il a senti quelque chose saisir son mollet droit.
Alerté, il s'est retourné et a découvert qu'il avait été mordu par un chien errant qui s'était approché en catimini pendant qu'il était concentré sur son travail.
Mwanzo venait de devenir l'une des plusieurs victimes d'attaques de chiens errants au Championnat du monde d'athlétisme handisport au stade Jawaharlal Nehru de New Delhi.
Pour Mwanzo, qui aidait la sprinteuse du 200 m Stacey Obonyo à préparer son entraînement, l'inquiétude immédiate dépassait la douleur. Comme toute personne mordue par un animal inconnu, il craignait d'avoir contracté la rage.
Mwanzo s'est précipité à l'hôpital Safdarjung pour recevoir des soins et a publié une vidéo par la suite pour raconter son traumatisme.
«Je me sens beaucoup mieux maintenant. On m'a administré plusieurs vaccins, notamment contre le tétanos et la rage», dit-il.
Si la région de la capitale nationale de l'Inde abrite près d'un million de chiens errants, le risque de transmission de la rage par morsure de chien ne se limite pas à un seul pays.
L'Afrique est tout aussi exposée, une population croissante de chiens errants dans de nombreuses régions du continent posant des défis pour la santé publique, le bien‑être animal et la gestion urbaine.
Le Dr Traoré Tiebe, responsable technique pour la santé animale et les maladies de la faune à l'Organisation mondiale de la santé (OMS), déclare à TRT Afrika : «La simple évocation de la rage suffit à susciter l'inquiétude. Malgré le fait qu'il s'agisse de l'une des maladies les plus anciennes connues, elle reste un tueur silencieux dans certaines régions d'Afrique, faisant des milliers de victimes chaque année. Ces décès sont évitables.»
Comprendre la rage
La rage est une maladie grave, potentiellement mortelle, causée par un virus de la famille des Rhabdoviridae et transmise à l'homme par contact — en particulier par morsures et griffures — avec des animaux domestiques ou sauvages infectés.
Bien que la rage soit présente sur tous les continents, sa prévalence dans de nombreux pays africains dépasse largement la moyenne. En milieu urbain comme rural, les chiens sont responsables de jusqu'à 99 % des infections humaines.
Selon les experts, l'ampleur réelle de la rage en Afrique est difficile à évaluer car de nombreux cas ne sont pas signalés, surtout dans les zones rurales où l'accès aux établissements de santé et aux outils de diagnostic est limité.
«Les infections par la rage sont souvent sous‑déclarées et même mal diagnostiquées, ce qui explique l'absence de données complètes», dit le Dr Traoré.
Bilan mondial en hausse
Dans le monde, la rage tue environ 59 000 personnes chaque année, environ 95 % de ces décès survenant en Afrique et en Asie.
La maladie touche de manière disproportionnée les populations pauvres, qui ne peuvent souvent pas se permettre ou n'ont pas accès à la prophylaxie post‑exposition (PPE), un vaccin qui peut prévenir l'infection après une morsure.
Les enfants sont les plus exposés. «Environ 40 % des personnes mordues par des animaux suspects de rage sont des enfants de moins de 15 ans», indique le Dr Traoré. «Leur curiosité naturelle et leur façon de jouer avec les animaux les mettent particulièrement en danger.»
Le virus de la rage pénètre dans l'organisme par une morsure ou une griffure et remonte silencieusement le long des nerfs jusqu'au cerveau. Une fois dans le cerveau, il provoque une inflammation qui entraîne confusion, hydrophobie, paralysie et finalement la mort.
«Une fois les symptômes apparus, la maladie est presque toujours mortelle», avertit le Dr Traoré.
Deux formes de rage se manifestent chez les personnes infectées par des morsures de chiens. La «rage furieuse», plus courante, provoque agressivité, désorientation et hydrophobie.
La «rage paralytique» évolue lentement, débutant par une faiblesse musculaire avant de conduire au coma et à la mort. Parce qu'elle mime d'autres symptômes neurologiques, ce type est souvent mal diagnostiqué, contribuant ainsi à la sous‑notification.
La prévention comme remède
La bonne nouvelle est que la rage est 100 % évitable chez les animaux comme chez les humains, la vaccination massive des chiens étant la meilleure solution possible.
«La vaccination des chiens, y compris des chiots, arrête le virus à sa source. Tuer les chiens errants dans la rue n'est pas une solution efficace», explique le Dr Traoré à TRT Afrika.
Si quelqu'un est mordu par un chien, même si l'animal n'est pas errant, des soins rapides de la plaie et la vaccination peuvent faire la différence entre la vie et la mort.
«Laver abondamment la plaie avec de l'eau et du savon après un contact avec un animal suspect de rage est essentiel», précise le Dr Traore. Cependant, il faut consulter rapidement un professionnel de santé.



















