Par Nuri Aden
Le 5ème Forum économique et commercial Türkiye-Afrique (TABEF) s'est conclu vendredi à Istanbul, renforçant l'un des partenariats Sud-Sud les plus dynamiques de l'économie mondiale.
Organisé sous le thème « Tirer parti des relations Türkiye-Afrique pour des gains mutuels », le forum a rassemblé plus de 4 000 participants, parmi lesquels des chefs d'État, des ministres, des ambassadeurs et des leaders du secteur privé venus de tout le continent africain et de Türkiye.
Lors d'un des discours les plus attendus de l'événement, Francisca Tatchouop Belobe, Commissaire de l'Union africaine pour le développement économique, le tourisme, le commerce, l'industrie et les mines, a décrit le partenariat Türkiye-Afrique comme « non seulement réel, mais irréversible ».
Ses propos ont souligné un consensus croissant parmi les dirigeants : cette alliance n'est plus émergente, elle est désormais solidement établie et redéfinit la manière dont le Sud global fait des affaires.
« Partenaire de confiance »
« La Türkiye n'est pas un visiteur en chemin », a déclaré la Commissaire Belobe. « C'est un partenaire de confiance, qui construit, investit, écoute et agit en harmonie avec les ambitions de l'Afrique. »
Dans son discours, elle a mis en lumière une trajectoire économique remarquable. « En un peu plus de deux décennies, le commerce entre l'Afrique et la Türkiye est passé de 4,5 milliards de dollars en 2003 à plus de 40,7 milliards de dollars en 2024 », a-t-elle souligné.
Cette augmentation exponentielle place la Türkiye parmi les cinq principaux partenaires commerciaux non africains du continent. Avec l'objectif partagé d'atteindre 50 milliards de dollars d'ici 2026, Belobe a noté que la dynamique est non seulement forte, mais s'accélère.
« Nous assistons à une relation définie par une volonté politique et une ambition du secteur privé », a-t-elle affirmé. « TABEF prouve que ce n'est pas seulement de la diplomatie — c'est du concret. »
Au-delà des volumes commerciaux
L'empreinte croissante des investissements turcs en Afrique témoigne d'un engagement stratégique plus profond. Les investissements directs étrangers (IDE) turcs ont désormais dépassé 8,5 milliards de dollars, soutenant des projets dans les domaines des énergies renouvelables, de la logistique numérique, de la fabrication, des infrastructures, et bien plus encore.
Plus de 1 500 entreprises turques opèrent aujourd'hui en Afrique, souvent en partenariat direct avec des PME et des institutions locales.
« La Türkiye investit non pas pour extraire, mais pour transformer », a précisé Belobe. « Elle soutient nos PME, partage sa technologie, renforce les capacités et ancre les chaînes de valeur. C'est une vision à long terme en action. »
De nombreux partenariats étaient visibles dans la zone d'exposition du forum, où Belobe a rencontré des entrepreneurs et des innovateurs de tout le continent.
Elle a mis en avant une startup africaine utilisant l'intelligence artificielle pour révolutionner la logistique, ainsi qu'une entreprise turque co-créant des solutions énergétiques durables en Afrique rurale.
« Ce ne sont pas des anecdotes. Ce sont des preuves », a-t-elle expliqué. « Voilà à quoi ressemble un partenariat du 21ème siècle : co-création, innovation et gains mutuels. »
L'Afrique, a-t-elle souligné, n'est pas seulement ouverte aux affaires, elle façonne l'avenir même des affaires. En 2024, le continent a attiré 97 milliards de dollars d'IDE, représentant une augmentation de 7,5 % par rapport à l'année précédente.
Le commerce intra-africain a atteint 280 milliards de dollars, et 15 pays ont enregistré une croissance du PIB supérieure à 5 %, malgré les vents contraires mondiaux.
L'avantage démographique de l'Afrique
L'avantage démographique de l'Afrique reste l'un de ses atouts les plus convaincants. Avec un âge médian de seulement 19,5 ans et une population qui devrait atteindre 2,5 milliards d'ici 2050, le continent détient le plus grand réservoir mondial de talents, de créativité et de demande futurs.
« D'ici 2030, 43 % des jeunes du monde seront africains », a noté Belobe. « Nous sommes le continent le plus jeune — et cette jeunesse est énergie, ambition, avenir. »
La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) — une initiative phare de l'Agenda 2063 de l'UA, a également été mise en avant comme un pilier de la transformation économique du continent.
Avec une valeur projetée de 6,7 trillions de dollars d'ici 2035, la ZLECAf est en passe de devenir le plus grand marché commercial unique au monde. Belobe a salué le soutien de la Türkiye à l'agenda commercial continental, notant que l'engagement d'Ankara va au-delà des accords bilatéraux pour soutenir l'intégration régionale.
« La Türkiye comprend que la force de l'Afrique réside dans son unité ; dans la construction de chaînes de valeur régionales, d'infrastructures transfrontalières et de règles commerciales harmonisées », s’est-elle réjouie.
Le TABEF, organisé au Centre des Congrès d'Istanbul, était bien plus qu'un événement cérémoniel. C'était un forum de travail où des accords ont été discutés, des partenariats annoncés et des secteurs identifiés pour de futurs investissements. Les panels ont couvert des sujets allant des énergies vertes aux infrastructures numériques, avec la Türkiye constamment mise en avant comme un investisseur fiable et réactif.
« Nous avons vu plus que des discours — nous avons vu des solutions », a affirmé Belobe lors de la session de clôture. « Ce forum peut se terminer aujourd'hui, mais notre voyage continue. Le partenariat Türkiye-Afrique n'est pas seulement vivant, il est vibrant, il grandit, et il est là pour durer. »
Le partenariat Türkiye-Afrique a été salué comme un modèle de diplomatie économique fondé sur des intérêts partagés, un respect mutuel et un potentiel transformateur.