Dr Makosso : comment donner à l'alimentation un goût de dignité
AFRIQUE
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Dr Makosso : comment donner à l'alimentation un goût de dignitéLe choix des aliments et le choix des ingrédients qu'on y associe sont déterminants pour la saveur d'un plat.
Allavo Mallova souligne qu'en consommant des aliments produits localement et en produisant ce que nous consommons. / TRT Afrika Français
il y a 14 heures

La Journée mondiale de l'alimentation célébrée le 16 octobre de chaque année est l'occasion de mettre en lumière ces héros du continent qui luttent contre la pauvreté et les injustices sociales.

Le Dr Makosso du Bénin se bat pour un monde où chacun a accès à une alimentation nutritive, suffisante et aux ressources pour réaliser son plein potentiel.

Le choix des aliments et le choix des ingrédients qu'on y associe sont déterminants pour la saveur d'un plat.

Trop salée, même avec les meilleurs ingrédients, une œuvre culinaire peut être répulsive. Trop pimentée, cette œuvre peut n'être appréciée que par une portion réduite de personnes, certaines d'entre elles pouvant rester sur leur faim si ce plat, quoique digeste, est en quantité insuffisante.

Pour bien manger, peu importe que l'on aime les fast-foods ou la cuisine gastronomique, il est donc recommandé de bien faire un savant dosage de la qualité et de la quantité d'aliments. À travers le monde, des personnes physiques ou morales font de la bonne alimentation pour tous, leur combat quotidien.

Allavo Makosso est docteur en nutrition et technologies alimentaires. Le Béninois est également spécialisé dans la valorisation des ressources locales et en management de la qualité.

Comme il le dit lui-même, son travail consiste à accompagner les entreprises agroalimentaires africaines dans la mise en œuvre de normes internationales (HACCP, ISO 22000, GLOBALG.AP, Fairtrade), tout en préservant leur identité culturelle et leur authenticité.

Depuis des dizaines d'années, il ne ménage pas ses efforts pour aider les populations ainsi que les gouvernants à lutter contre la faim, contre la sous-alimentation ou encore contre une alimentation déficiente.

Et chaque année, à l'occasion de la Journée mondiale de l'alimentation, le Dr Makosso partage avec les populations les informations déterminantes pour assurer une alimentation correcte pour tous.

Pour l'édition 2025 de la Journée mondiale de l'alimentation, la FAO (Programme alimentaire mondial) a choisi pour thème un qui s'inscrit dans la philosophie de tous les acteurs sociaux qui militent contre la faim dans le monde. Ce thème n’est autre que « Main dans la main pour des aliments et un avenir meilleur ».

Ce thème résonne profondément avec ma vision et mes actions quotidiennes. Il traduit la nécessité d'une synergie entre les producteurs, les transformateurs, les chercheurs, les décideurs et les consommateurs. Pour moi, « main dans la main » signifie bâtir des ponts : entre le savoir scientifique et le savoir-faire local, entre les politiques publiques et les initiatives communautaires, entre l'innovation technologique et la durabilité sociale. C'est ensemble que nous pouvons créer un avenir alimentaire plus sûr, plus équitable et respectueux de notre environnement, réagit le Dr Makosso.

En parlant de pont entre les différents acteurs de la chaîne de production alimentaire, il y a lieu de mentionner que le Dr Makosso a traduit son engagement dans la sensibilisation aux bonnes pratiques, aux bonnes politiques agricole et plus encore en créant en l'ONG Food for all (Aliments pour tous) qui a entre pour mission de faciliter l'accès aux aliments aux personnes vulnérables, aux personnes rurales, éradiquer l'insécurité alimentaire et participer au développement communautaire.

La notion fondamentale des actions menées par le Dr Makosso est par essence la définition même d'une bonne alimentation.

Une bonne alimentation, c'est d'abord une alimentation saine, équilibrée et culturellement enracinée. Elle doit apporter à l'organisme les nutriments essentiels — protéines, glucides, lipides, vitamines et minéraux — sans excès ni carence. Mais elle doit aussi valoriser nos produits locaux : manioc, ananas, maïs, soja, fonio, légumes africains… C'est en consommant ce que nous produisons et en produisant ce que nous consommons que nous contrôlons une souveraineté alimentaire durable, confie le Dr Allavo Makosso à TRT Afrika.

C'est dans cette logique qu'auprès des pouvoirs publics, le plaidoyer de cette ONG qui réunit plusieurs profils consiste à encourager les programmes agricoles de masse et les projets agro-industriels conduisant à une autosuffisance alimentaire. Le tout avec une forte valorisation des produits locaux.

Auprès des populations, le Dr sensibilise sur les habitudes conduisant à une alimentation de qualité correspondant à son âge.

Chez l'enfant, le spécialiste explique qu'il faut favoriser des aliments comme le lait, les bouillies fortifiées locales, les œufs, les fruits et légumes riches en micronutriments afin de favoriser la croissance. Chez l'adulte, l'équilibre énergétique est essentiel : les aliments riches en fibres, en protéines végétales, en fruits frais et la limitation des sucres raffinés. Chez la personne âgée, il faut privilégier la digestibilité et la densité nutritionnelle : soupes, légumineuses tendres, fruits mûrs, poissons et hydratation suffisante. Chaque âge a ses besoins, et l'enjeu est d'adapter nos pratiques locales à ces réalités nutritionnelles, complète le Dr Makosso.

À l'occasion de la journée du 16 octobre, l'ONG Food for all a prévu des activités citoyennes et sportives. Il est par exemple prévu une course contre la faim qui va impliquer des élèves, des étudiants et des partenaires autour d'un circuit symbolique pour la lutte contre la faim et la malnutrition. Des moments de réflexion avec des experts, décideurs et organisations de la société civile sur la souveraineté alimentaire et les innovations locales sont aussi prévus.

Et au-delà de l'événementiel, beaucoup de voix se lèvent pour appeler à une plus grande mobilisation en faveur d'une bonne alimentation et pour lutter contre la faim. Ces dernières années, par exemple, la FAO n'a eu de cesse de décrier la chute des financements au profit des programmes alimentaires, alors même que le nombre de personnes souffrant de la famine est en croissance exponentielle.

733 millions de personnes ont été confrontées à la faim en 2023, soit 1 personne sur 11 dans le monde et 1 personne sur 5 en Afrique », révélait en juin 2024 le rapport sur l’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde publié par cinq agences des Nations Unies.

Afin d'inverser cette tendance alarmante, notamment en Afrique, le Dr Makosso plaide pour des solutions endogènes et durables avec pour principaux leviers l'agriculture, la pêche et l'élevage. Les éléments du triptyque que propose celui qui est également enseignant comprennent une industrialisation agroalimentaire inclusive ; l'autonomisation économique des femmes rurales, de même qu'un accès à une alimentation saine pour tous.

SOURCE DE L'INFORMATION:TRT Afrika